Trinidad, l’ensorceleuse que je n’arrive pas à quitter !
En quelques jours à Trinidad, j’ai pris mes habitudes. Le matin, ballade dans la ville. J’aime bien l’agitation du matin, avant que la chaleur ne devienne trop forte. Les hommes sont dans la rue, ils parlent, parfois, ils transportent des paquets, les bici-taxis, les taxis interpellent leurs clients potentiels, les femmes essayent de faire quelques achats (font la queue), on voit des étals impromptus avec …des trucs à vendre – du fil, des piles, des raccords de tuyaux…- d’autres tirent leur charrettes en criant « guanabananaaa, papayaaa, truc-en-aaa » et invariablement il y a quelqu’un qui ajoute « aguacate », les bicyclettes, les calèches, les chevaux, les voitures se croisent, c’est gai.

Ensuite, direction la montagne ou la plage. Je regrette beaucoup d’avoir oublié mon masque car, partout, il y a des fonds merveilleux et des poissons de toutes les couleurs.


Vers 17h, direction la Casa de la Musica pour écouter un peu de musique cubaine. A cette heure-là, ça se passe au milieu des escaliers, sur une terrasse, agrémentée d’une scène. Des tables et des chaises sont installées pour boire un verre et il y a également beaucoup de personnes sur les marches. Ma technique : je m’installe à une table et comme je suis seule , quelqu’un demande à s’asseoir, en général des cubains, cet endroit hyper touristique est fréquenté par des cubains. Ils se connaissent tous entre eux, souvent des musiciens qui viennent écouter leurs copains et c’est très amusant d’être au milieu d’eux. Ils viennent avec leurs boissons, du rhum qu’ils boivent sec, hommes comme femmes et qu’ils t’offrent … sec ! Ça réchauffe !
Lorsque la nuit s’annonce, dispersion. Je me régale à marcher dans les rues pavées, un peu avant la tombée de la nuit, les portes des maisons se ré-ouvrent, les gens sont sur le pas de leur porte, j’adore ces portes immenses, un peu comme nos portes de grange, j’adore quand ils s’installent dans la grille de leurs fenêtres pour prendre le frais. A travers les portes et les fenêtres je vois ces énormes pièces et derrière le patio, souvent plein d’objets improbables, un vieux poste de radio, des grenouilles en céramique, des objets en verre, des statues religieuses… et beaucoup, beaucoup de plantes.

Après le dîner, direction la Casa de la Trova pour un peu de salsa, puisque enfin, j’ai trouvé !
Ce qui me surprend le plus à Trinidad, c’est que tout est conservé. Non seulement les bâtiments officiels, et monuments sont restaurés et en parfait état mais aussi de nombreuses maisons bourgeoises. Par exemple, la « casa » dans laquelle j’ai dormi, était une demeure bourgeoise, on entre dans une grande pièce avec une hauteur de plafond incroyable (8-10m). Cette pièce donne sur un patio autour duquel sont distribuées les chambres et la cuisine. Il y a une terrasse qui, je pense, a été ajoutée. Le mobilier n’a pas changé et surtout la vaisselle. Le petit déjeuner et le dîner sont servis dans de la porcelaine, des verres en cristal, que nous aurions pu trouver chez nos grands-parents… quand elle existe encore. Ce qui est remplacé n’est pas du tout du même acabit !
En fait toutes les maisons sont comme ça, elles sont aujourd’hui « casa particular », restaurant, magasin de souvenirs, et c’est tant mieux car ces activités permettent de les entretenir.
J’ai dîné dans un restaurant qui a poussé le concept à maintenir les meubles dans les pièces, pour ma part, j’étais dans la chambre à côté du lit !

Certains disent que le déclin de la production sucrière a été la chance de Trinidad qui, de ce fait, a échappé à la modernisation. Elle est donc restée dans son « jus » architectural de l’opulence de l’époque.
Car Trinidad a été une puissance économique très importante, en particulier grâce à la production sucrière rendue possible par l’exploitation d’esclaves. Le déclin de cette industrie, les crises sociales et politiques, les guerres d’indépendance l’ont fait disparaître de la carte de l’économie.
Dès 1950, une loi promulguée pour la protection de la ville entraina le début du tourisme à Trinidad. Elle fut classée monument historique en 65, puis inscrite au patrimoine de l’Unesco, et ainsi pu recevoir des fonds pour restaurer ses magnifiques édifices.
Du coup aujourd’hui, c’est un régal pour les yeux,
les maisons colorées, les avant-toits bienvenus pour faire de l’ombre, les rues pavées, par endroit, on voit la mer, ou la montagne au-dessus des toits de tuiles. Je craignais un peu la masse des touristes mais c’est très vivable bien que la ville soit petite, je n’ai pas eu l’impression, comme dans la Vieille Havane qu’il n’y a plus de vie. Le seul endroit où ils se concentrent, c’est à la Casa de la Musica, -il y a aussi une connexion internet- et devant quelques restos le soir à partir de 19h. J’ai vu des gens attendre une heure 1/2 avant de pouvoir entrer ! Cela dit l’attente est très gaie, les gens papotent, racontent leurs anecdotes de la journée, les bons plans… Heureusement les restos proposent des plats bien meilleurs que ce j’ai pu manger jusqu’à présent… l’avantage d’une ville touristique, la nourriture est plus à notre goût !
J’ai l’impression que je ne parle que de bouffe !?!
Et les portes, elles ne sont pas belles les portes ?

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