Valparaiso, la belle en couleurs

Impossible d’être à Valparaiso sans évoquer ce que l’on appelle aujourd’hui le street art car il couvre tous les murs de la ville et il est devenu un des éléments d’attraction de la ville.

Quelques définitions avant de commencer :

Tag : un trait unique

Graf ou graffiti : des lettres également mais avec de la couleur et du relief

Fresque : une peinture murale.

Cependant, la peinture murale aurait une origine plus politique qu’artistique. Les médias étant, depuis toujours, de droite, il restait à la gauche l’affichage, les tracts et les slogans peints sur les murs (ancêtre du tag). Lors de sa campagne présidentielle, Salvador Allende a utilisé ce moyen comme outil de propagande : des artistes pour peindre des fresques murales et diffuser ses messages. On peut dire que ce courant pictural prend forme sous Allende.

Pendant la dictature, c’est à nouveau un moyen de combattre Pinochet. De véritables commandos s’organisent pour couvrir les murs de la ville des vérités occultées par le pouvoir. Peintures recouvertes rapidement par les autorités.

Après la dictature, ça a continué d’être un moyen d’expression politique ou artistique, à Valparaiso en particulier.

Les constructions à Valparaiso sont en pans de bois (plus souple pour les tremblements de terre) et les creux sont remplis de torchis. Pour protéger les matériaux, on les recouvrait de tôles ondulées, badigeonnéess avec des restes de peinture de bateau. Ils étaient déjà habitués aux couleurs !

A Valpo, les artistes continuent donc à peindre les murs et les propriétaires, en ayant assez de nettoyer leurs maisons, ont décidé de les faire peindre par des artistes de leur choix; certains les payaient et d’autres leur laissait simplement l’accès au mur. A certains endroits, ce sont de très efficaces cache-misères.

Pour ma part, je trouve que ce qu’on appelle le centre, en particulier le cerro (colline) Alegre est devenu un peu surfait. On n’y croise que des touristes, suivant les guides qui suivent le même parcours, expliquent les mêmes choses, et les emmènent dans les galeries d’art. J’y suis retournée un soir pour dîner et là, plus personne, plus de vie, presque triste.

En revanche, j’ai énormément un autre quartier, le « Cerro » Bellavista qui propose autant de fresques que les autres mais dans un univers vivant, avec des personnes qui y habitent. Toute une partie de ce quartier s’appelle « el Museo a Cielo abierto – le musée à ciel ouvert » et ça vaut le coup.

On ne peut pas limiter Valparaiso à ces graffitis. C’est un mélange. Les maisons que je viens d’évoquer sont sur les cerros (collines). Dans la ville basse, quelques beaux immeubles dont la plupart sont délabrés côtoient des immeubles de bureau. Entre les maisons colorées et les immeubles, il y a parfois de très jolis témoignages de l’âge d’or de Valparaiso, la plupart de style anglais.

Les collines de Valparaiso ont été inscrites au Patrimoine de l’Humanité en 2003. Il semble néanmoins que cela ne leur donne pas accès à des financements particuliers, j’espère que ça va changer.

Je ne sais pas si l’on peut comparer ces 2 bâtiments : à gauche, la Sebastiana, maison de Pablo Neruda, très bizarre, c’est un quart de cercle, et de l’extérieur, elle pourrait faire penser à un paquebot. De l’intérieur, beaucoup de petites pièces mais une vue sensationnelle. A droite, ce bâtiment s’appelle the Wine Box et ce sont des « algéco » empilés. C’est un hôtel!! Il y a de tout, vous dis-je

En redescendant du « musée à ciel ouvert », je vois un feu démarrer en haut d’une colline. Dans les minutes qui ont suivi, les pompiers se sont mis en route avec semble-t-il beaucoup de camions compte tenu de ce que j’ai entendu et presque immédiatement je vois un hélicoptère qui fait tomber de l’eau au-dessus du feu. Je suis très impressionnée par le travail de cet hélico qui semble s’approcher très près du feu. Au total ils enverront 2 hélicoptères et un Canadair. Ils prennent très au sérieux les débuts de feu car il y a toujours du vent et que c’est très sec. La ville a subi 2 incendies très importants en 2014 et 2015, aussi sont-ils très vigilants sur le sujet. Alors que le feu semblait prendre de l’ampleur, nous avons tous reçu un message d’alarme sur nos téléphones, nous demandant d’évacuer la zone concernée. C’était assez impressionnant, ces téléphones qui se mettaient à sonner presque en même temps. Je suis partie alors que le feu semblait maitrisé.

Le 31 décembre à Valparaiso.

Un magnifique feu d’artifice sera tiré depuis les communes qui bordent la côte à partir de minuit. C’est, parait-il un magnifique spectacle qui attire un million de visiteurs. La même chose que les fêtes de Bayonne mais en une seule soirée.

Au fur et à mesure de l’après-midi, on ressent une certaine effervescence qui monte. Les achats de dernière minutes, festifs comme des chapeaux colorés et brillants, des cotillons, bombes de peinture… une longue file d’attente devant les magasins d’alcool, certains ont pris de l’avance mais pas beaucoup.

Je m’attendais à ce que les gens s’installent très tôt pour garder les meilleures places pour voir le feu d’artifice mais je n’ai rien vu. Sans doute trop tôt !

Quant à moi, je vais les regarder à partir d’une terrasse où mes hôtes ont eu la gentillesse de me proposer de venir.