Arrivée à Santa Clara après un voyage plutôt éprouvant. En Chevrolet 1952, s’il vous plaît ! Belle voiture. Rendez-vous est pris pour un taxi collectif, qui vient me chercher comme convenu. Nous allons ensuite chercher les autres … qui ne sont pas là. A ma grande surprise, le chauffeur non seulement n’essaye pas de me dissuader de partir, n’essaye pas non plus de renégocier le prix. Soit il a des gens à ramener, soit il a une vraie parole et dans ce cas, bravo ! Ou alors, on se fait sacrément avoir quand on est plusieurs dans le taxi.
Cela dit, je me suis sentie un peu martyrisée sur le trajet. L’état de la route mis à part, le chauffeur n’y peut rien, par moment il allait à toute vitesse, à d’autres super lentement, il regardait le paysage, se déviait de la route, coupe le moteur dans les descentes, bref chaotique. A un moment, il descend de voiture pour e rafraichir le visage dans une rivière. Il se dit très fatigué et que ça le réveille… ça c’est cool !! l a l’air effectivement de souffrir de la chaleur. Une autre fois, c’est pour cueillir des goyaves, absolument pas mûres et toutes petites, et il les mange, ça le fait rire. A 10 km de Santa Clara environ, il s’arrête à nouveau, devant une maison, c’est pour prendre de l’essence cette fois-ci, dans un jerrican, un peu plus j’avais droit à la panne !

Santa Clara, la ville du Che.
Une bataille décisive de la révolution s’est déroulée à Santa Clara, en décembre 1958, menée par Che Guevara. En faisant dérailler un train blindé qui transportait des soldats des gouvernements et surtout des armes et des munitions. L’histoire dit que les hommes du Che étaient 2 fois moins nombreux que les soldats. A partir de ce moment, pour la première fois, les guerilleros étaient aussi bien armés que l’armée régulière. Dans les jours qui suivent, Santa Clara se rend, après Santiago et Guantanamo ; Batista s’enfuit du pays, la révolution a triomphé.
Je m’en vais donc voir l’espèce de musée commémoratif de cette bataille, quelques wagons transformés en musée. Pas très intéressant sauf l’un d’entre eux qui présentent des photos et des documents. Les photos montrent à quel point cette bataille a fait un carnage et surtout, comme souvent les photos de guerre, à quel point les combattants étaient jeunes, à peine sortis de l’enfance !

Toute cette violence, et pour ce résultat !
Un peu plus loin, c’est une statue grandeur nature qui représente Che Guevara. Ce serait la plus belle car il est représenté en tenant un enfant dans ses bras, avec un cigare à la main.

Je vais ensuite manger un morceau dans un troquet-musée consacré à la révolution cubaine, réalisé par un espagnol tombé amoureux de Cuba. Sur les murs de cette pièce de quelques m2, des photos, des documents, il y a même 2 lettres, l’une du Che, l’autre de Castro. Je comprends que cet espagnol est un artiste, un collectionneur… bref un panneau indique que tout peut être acheté. Les tables sont d’anciens pieds de machines à coudre.

Direction maintenant la place de la Révolution avec, en particulier, une autre statue du Che de près de 7m de haut, tout en bronze, sur un socle qui doit faire 20m, portant l’inscription habituelle « Hasta la victoria, siempre » et à côté la lettre qu’il a envoyé à Fidel lorsqu’il a quitté Cuba pour aller en Bolivie. Le tout est assez impressionnant.

Je m’assieds un moment pour consulter mon guide, je suis rappelée à l’ordre par un des soldats qui gardent le mémorial. On se demande pourquoi, nous sommes en tout et pour tout une dizaine.
La dépouille du Che a été rapatriée à Santa Clara en 1997, déposée dans le mémorial des Martires de la Revolucion, salle dans laquelle brûle une flamme éternelle.
Je m’arrête un moment au mausolée Frente las Villas, un jardin-souvenir. Environ 200 tombes sont alignées sur 3 niveaux, où sont enterrés les combattants ayant participé aux combats de Santa Clara. En regardant les dates, je me rends compte que certains ne sont pas morts pendant les batailles, bien après; d’autres tombes sans dates attendent encore les combattants les plus jeunes, encore vivants. Cet endroit est beau, assez émouvant.
Je m’étonne que ce soit toujours Che Guevara qui apparaisse en photo sur les panneaux de propagande et non Fidel Castro, après tout c’était lui le patron. J’ai pu trouver 2 explications : la première, c’est volontaire de la part de Fidel, qui préférait ne pas apparaître au premier plan et profiter du charisme de Guevara – on le ressent même sur les photos quand il est jeune, il est de plus assez beau garçon- ; la deuxième, Che Guevara apparaît comme un héros ; en particulier sa fidélité envers ses idées, le fait qu’il ait délaissé sa fonction de ministre et quitte Cuba pour aller soutenir les boliviens, en ont fait le symbole de la lutte pour la liberté. Sa mort prématurée en a fait une véritable icône.
A Santa Clara, on a aussi de l’humour pour déclarer la guerre à la guerre !






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